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Madagascar, victime innocente du réchauffement climatique



La question du réchauffement climatique est certainement l’un des enjeux internationaux les plus important du XXIème siècle, pourtant il n’affecte pas les pays du globe de la même manière. Les pays d’Afrique en sont les premières victimes bien que n’ayant pas ou peu participé au phénomène, c’est le cas de Madagascar.

Les récentes conditions climatiques extrêmes qui frappent Madagascar ont interrogé de nombreux spécialistes sur l’impact du réchauffement climatique sur l’île.


Le sud de Madagascar subit depuis 2021 la pire famine de son histoire, une famine qui selon certains spécialistes pourrait être imputée directement au réchauffement climatique. L’ONU a déclaré en 2022 que cette situation d’insécurité alimentaire toucherait environ 1 million de personnes dans le pays dont une majorité d’enfants, et qu’une aide de 231 millions de $ serait nécessaire avant Mai 2022.


Enfant à Madagascar © PAM/Tsiory Andriantsoarana

Définir la cause de la famine qui frappe le sud de Madagascar, est source d’oppositions scientifiques. D’un côté A. Mangoni, directeur adjoint du PAM, programme de l’ONU, considère que cette famine est une conséquence directe du réchauffement climatique. Ce dernier ayant un impact sur les précipitations dans le sud du pays, heurtant la production et la récolte de denrées alimentaires. Cette famine est aujourd’hui considérée par l’ONU comme la seule et la première résultant directement du changement climatique. Une situation non seulement alarmante mais également accablante quand on sait que Madagascar n’a contribué qu’à 0,01% du réchauffement climatique, selon le Global Carbon Project entre 1933 et 2019.


De l’autre côté, le World Weather Attribution (WWA), spécialisé dans l’analyse des phénomènes climatiques, estime que le réchauffement climatique ne serait pas à l’origine de cette disette. En effet, l’île de Madagascar est régulièrement touchée par des périodes de sécheresse affectant la récolte et la production de nourriture. De plus, d’après le WWA, le réchauffement climatique n’aurait un impact significatif sur les famines dans cette région du monde qu’à partir de +2°, hors il atteint seulement aujourd’hui +1,1°, soit une température jugée comme ayant un impact minime sur la situation dans la région. Selon le WWA, les causes de cette famine ne seraient autres qu’un hasard climatique combiné à la pauvreté de la population, le manque d’infrastructures et la crise sanitaire du COVID-19.

Le gouvernement malgache quant à lui, s’attache à dire que cette famine est une cause directe du réchauffement climatique. Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar, a d’ailleurs tenu à souligner à la tribune de l’ONU que ses « compatriotes du sud endurent le lourd tribut de la crise climatique à laquelle ils n’ont pas participé ».



Le constat du WWA, bien qu’il remette en cause le rôle du réchauffement climatique dans la famine que subit le sud de Madagascar, il reste pour le moins alarmant. Si la température venait à augmenter d’un degré de plus, la prochaine famine qui frappera la Grande Île, pourrait être sans conteste une conséquence directe du réchauffement climatique. Les constats sont d’autant plus alarmants que selon un rapport du Giec publié en 2021, la température de la planète pourrait augmenter de 1,5° dès 2030, un chiffre qui était initialement attendu pour 2040. Ainsi, bien que les causes de la famine actuelle soient en plein débat, l’aggravation de la situation climatique lui est sans conteste et si aucune solution n’est apportée au phénomène, les populations les plus pauvres du globes seront bel et bien victimes d’un phénomène auquel elles n’ont pas participé.



La famine et la sécheresse ne sont cependant pas les seuls phénomènes climatiques qui s’abattent sur l’île.

Si le rôle du réchauffement climatique dans la famine qui touche le pays reste à définir, ce dernier est sans conteste à l’origine de l’aggravation des phénomènes météorologiques extrêmes qui touchent l’île.

© KEYSTONE/AP/Beekash Roopun


Situé au sud de l’Océan Indien, Madagascar est régulièrement touché par des cyclones, tempêtes tropicales et autres typhons, ces phénomènes font partie du climat habituel de l’île durant la période de novembre à avril. Cependant le réchauffement climatique a un sérieux impact sur les intempéries qui frappent l’île. Les cyclones et typhons deviennent en effet de plus en plus intenses et nombreux par les effets du réchauffement climatique. En l’espace d’un mois seulement, le pays a dû faire face à 4 cyclones, la tempête Ana, le cyclone Batsirai, Dumako et enfin le cyclone Emnati qui s’est abattu sur l’île ce 24 février.


Alors que la population peinait encore à se remettre de la tempête Ana, l’arrivée de Batsirai a eu des effets dévastateurs. Responsable de la mort de 120 personnes et du déplacement de 50 000 autres, le cyclone a enregistré des rafales de vent à plus de 235 km/h et détruit des villages, comme celui de Mananjary, détruit à 95%.

©AFP


Bien que l’île soit régulièrement touchée par ces intempéries, l’intensité nouvelle et la récurrence des cyclones, typhons et tempêtes tropicales est un véritable challenge pour le pays. Étant l’un des plus pauvres du monde, il ne dispose souvent pas des infrastructures et moyens nécessaires pour essuyer les intempéries.


Face à ces challenges et bien conscient de l’importance de l’agriculture et de la question des phénomènes climatiques dans les pays africains, le président malgache Andry Rajoelina, lors du 45ème conseil des gouverneurs du FIDA (Fonds international de développement agricole), a appelé à la coopération des acteurs du développement rural et des nations africaines. Le président encourage la mutualisation des forces, des potentiels et des savoir-faire de chaque nation africaine afin d’élaborer un plan commun, et adaptable à chaque pays, de développement du secteur agraire.

Le changement climatique ayant de sérieuses répercussions sur l’agriculture, Andry Rajoelina considère que « Travailler pour l’adaptation des sociétés rurales au risque climatique est l’une des clés pour relever notre défi de développement ».


ANDRIAMARO Olympe



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