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Nathan Ray

Persécutions des Ouïghours : Vérité d’une inaction mondiale criminelle



Déportation, tonte, stérilisation forcée, massacre, travail forcé, surveillance de masse, infiltration au sein des familles, camp de concentration, camp de travail… Tant de mots, de faits, raccordés à tant de souvenirs et d’histoires du XXème siècle. Une terrible et douloureuse histoire. A la lecture de cette énonciation, notre esprit se rattache au souvenir historique du génocide des Juifs perpétré par les Nazis entre 1933 et 1945. Cependant ces mots ne sont plus ceux de l’histoire mais ceux de l’actualité. Au moment où vous lisez cette énumération d’actes intolérables, ils sont commis dans la région du Xinjiang. On vous parle ici du génocide Ouïghours perpétré et organisé par l’État chinois. Malgré la place croissante qu’il occupe dans l’espace public, il reste bien trop ignoré et ne fait pas l’objet d’une sanction française ou internationale à ce jour.

Les Ouïghours c’est un peuple, un peuple millénaire aux racines bien plus profondes que la dynastie Qing et que la culture Han. C’est une part de l’histoire de la Chine, de l’histoire du monde, de la culture orientale. Ils sont originaires des steppes d’Asie centrale, à proximité du lac Baïkal. Ils sont les fondateurs du Khaganat ouïghour, situé sur le territoire de l’actuelle Mongolie. Contrairement à ce qu’affirme le pouvoir Chinois en place, ils sont intrinsèquement liés à l’histoire de la Chine. Comme le souligne Peter Frankopan dans son livre Les Routes de la Soie, les Ouïghours ont été le rempart de la Chine contre l’invasion de l’empire arabe au VIIIème siècle. Soit bien avant la grande histoire impériale Qing et l’instauration de la culture Han sur les frontières chinoises actuelles. Autrement dit, les Ouïghours sont plus liés à l’histoire de la Chine que la majorité culturelle qui, aujourd’hui, veut les faire disparaître. Leur confession, l’islam, déplaît indéniablement à l’État autoritaire chinois, qui, comme il l’a si bien démontré en 1950 en envahissant le Tibet, ne laisse libre cours à aucune autre culture que celle qu’il souhaite imposer.

Mais alors, comment justifier de tels actes aujourd’hui, à l’heure de l’information et des médias ? Le gouvernement chinois joue la fine bouche et le reste du monde continue de la nourrir. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, des masses entières de populations sont déportées. Les familles sont divisées, les femmes stérilisées de force, l’Homme est exploité et produit du coton pour les grandes marques (Nike, Adidas, Puma, Lacoste, GAP, Uniqlo, H&M...). Il est constamment épié à l’aide de la complicité de grandes marques informatiques comme Huawei. Les droits de l’Homme sont bafoués, la liberté est clouée au pilori à coup d’ignominies que seuls les grandspires régimes autoritaires du XXème siècle avaient été capables de produire, jusqu’à présent. La Chine affirme qu’il ne s’agit que de camps de « rééducation ». Or, la dernière fois que l'État chinois évoquait les camps de rééducation, la Chine était sous l’égide du maoïsme durant “la Révolution culturelle” qui fut à l’origine de plusieurs millions de morts au sein même de leur pays.

Camp ouïghour (WORLD UYGHUR CONGRESS)

Aujourd’hui, nous pouvons parler de génocide des Ouïghours. En effet, l’extermination de ce peuple est méthodique, organisée, préparée et sert le pouvoir chinois. C’est en cela que ces actes sont comparables à ceux commis durant le XXème siècle. A l’instar des anciens régimes autoritaires, le génocide est ici méticuleusement calculé, préparé et organisé. Tout est fait pour qu’aucun ouïghour ne puisse y échapper. Ce génocide est productif et assure à Pékin la disparition progressive d’une culture millénaire, leur permettant d’instaurer leur omnipotence culturelle. La répression débuta en 2014, à la suite des attentats perpétrés par des barbares radicaux sur la place de Tian’anmen de Pékin en 2013. Aujourd’hui au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des camps de « rééducation ». Ceux qui ont réussi à fuir leur région d’origine, le Xinjiang, rapportent des histoires de tortures, de viols, de stérilisations, d’apprentissage forcé du chinois et de sa culture. Autant d'atteintes aux droits fondamentaux auxquelles la communauté internationale ne réagit pas. Faire la sourde oreille, vaguement se positionner en désaccord, taper du point sur la table, chanter par là que ces actes sont immondes, semblent être les seules réactions des Etats en capacité d’agir.

Mais l’État chinois ne s’arrête pas là. Il va jusqu’à chasser les Ouïghours qui ne sont pas sur leur territoire. Certains, réfugiés en France, témoignent avoir reçu un message provenant de l’ambassade chinoise. Ce message stipule qu’ils auraient reçu un document urgent. Ils sont ainsi conviés à venir le récupérer à l’ambassade chinoise à Paris. Une fois à l’ambassade, ils sont arrêtés et renvoyés en Chine. La volonté du gouvernement chinois n’est pas simplement de massacrer le peuple Ouïghours mais bien de faire disparaître cette culture dans sa totalité. Progressivement, ils détruisent les cimetières, les temples, les lieux de cultes, les lieux historiques ouïghours. Ils forcent l’intégration de familles Han dans les familles ouïghours afin de vérifier l’acculturation de ceux qui demeurent libres.

Ainsi la terreur règne mais le silence de ceux qui pourraient agir efficacement ne fait que la renforcer. A notre échelle, nous ne pouvons que boycotter les marques (allez voir le site de l’association des Ouïghours de France pour connaître plus de voies de soutien: https://ouighour.org/) qui tirent profit de cette situation. D’autres pourraient certainement s’imposer à la Chine. Mais ce mutisme assourdissant ne fait que prouver deux choses. Tout d’abord, que l’importance des droits de l’Homme est morte aux yeux de nos dirigeants mais aussi que la Chine est crainte par tous et que nul n’ose désormais s’y opposer. Cette inaction de tous les gouvernements du monde est soit la preuve d’une lâcheté abyssale et d’une incapacité à organiser une véritable pression internationale, soit celle d’une suprématie chinoise que l’on n’oserait remettre en question. En tout cas, aucune de ces perspectives ne sont glorieuses. Ni l’une ni l’autre ne sont rassurantes pour l’avenir! Laisserons-nous donc les Ouïghours subir le même sort que les Tibétains en 1950, en osant uniquement détourner le regard ?

Nous affirmons notre soutien à toute la communauté Ouïghours ! Si c’est également votre cas, parlez-en, informez-vous, tenez les gens informés autour de vous, boycottez les entreprises qui jouissent du bénéfice de l’exploitation et du génocide... Faites tout pour que ce massacre ne reste pas inconnu et impuni!

Nathan Ray



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