Diminution du budget ; 10 000 nouvelles places ouvertes pour les étudiants ; Loi LPPR diminuant le nombre de chargés de TD, favorisation de la concurrence et la précarité, mise en place de CDI sur projet (donc à durée déterminée), heures supplémentaires non rémunérées ; déconfinement désorganisé, mise en place d’un « délit d’entrave » condamnant toute prise de parti politique de la part des étudiants ; précarité étudiante et enseignante ; locaux insalubres : voilà le visage que présente aujourd’hui l’enseignement supérieur Français.
Pour cause, un gouvernement qui demande toujours plus aux professeurs et aux étudiants : excellence, renommée, pédagogie, autonomie, recherche. Toujours plus mais avec toujours moins ! Aujourd’hui, en cette période de crise sanitaire, les universités françaises, leurs présidents, leurs administrations se retrouvent dans une situation déplorable. Il leur incombe la tâche de se débattre, ce qu’ils font du mieux qu’ils peuvent, mais comment se battre dans pareille situation ? L’organisation imposée aux universités dans un rythme effréné de dernière minute n’arrange rien. On leur impose une jauge maximale de remplissement de 50% de leurs locaux. Cette demande est faite le dimanche 4 octobre et doit être appliquée le mardi 6 octobre. C’est une aberration totale ! La mise en place d’une telle limitation semble nécessaire lorsque l’on voit l’évolution de la crise. Certes, mais comment organiser une université entière comptant souvent plusieurs milliers d’étudiants et professeurs en deux jours, sans moyens et sans aucune autre indication de la part du ministère que cette limitation numérique ? Cette situation reste la même depuis le début de la crise sanitaire, le ministère de l’enseignement supérieur est absent de tous les radars mais commande. Ce ministère fantôme voudrait que les universités organisent l’inorganisable sans même leur indiquer la marche à suivre.
Des dispositifs sont nécessaires pour assurer la mise aux normes sanitaires des locaux. Ces dispositifs particulièrement coûteux, les universités n’ont pas les moyens de tous les financer. Qu’il s’agisse de la mise en place de systèmes physiques de protection (vitres de protection, diminution des places, distributeurs de gel hydroalcoolique…), ou de systèmes virtuels permettant le suivi à distance des étudiants (cours en ligne, plateforme de travail à distance,...) tout est encore à corriger voire à mettre en place en partant de rien. Les universités n’ont pas les moyens de financer à la fois la sécurité sanitaire de leurs étudiants et le maintien de leurs cours. Choix cornélien : enseigner ou protéger ? Question en suspens à laquelle les administrations universitaires ne peuvent répondre seules et surtout à laquelle elles ne devraient pas avoir à répondre. Elles devraient être dans la capacité de pouvoir assurer et l’enseignement et la sécurité de leurs étudiants. Le Ministère de l’Enseignement supérieur fait preuve d’un mutisme alarmant ! Où est la ministre de l’éducation supérieur ? Quelles réponses apporte le ministère aux questions posées ? Pourquoi les universités n’ont-elles pas reçu des directives officielles durant l’été leur indiquant comment organiser leurs rentrées ? Le ministère demande énormément aux universités sans jamais leur proposer de solutions. Les aides étudiantes sont diminuées, la précarité n’a jamais été aussi élevée au sein de l’enseignement supérieur. Mais il semble apparemment tolérable pour nos représentants que des chercheurs, des professeurs, et des étudiants qui façonnent de façon certaine le monde de demain vivent dans des conditions de pauvreté inacceptables.
Nous n’avons plus de moyens ? L’économie n’a jamais été aussi mauvaise depuis longtemps nous dit-on. Arguments entendables, surtout en cette période, mais le joug auquel est soumis l’enseignement supérieur remonte à bien avant la crise sanitaire. Les universités ne demandent pas cent milliards d’euros sans contreparties. Elles demandent simplement un budget nécessaire pour remettre l’enseignement supérieur français à ce haut niveau qui devrait le caractériser, et ce avec une conséquence certainement bénéfique : Il s’agit de former le monde de demain de la meilleure manière possible. Chers représentants, n’économisez pas sur le futur.
La politique économique du gouvernement est indéniablement fonctionnelle. Mais une politique économique doit concerner les valeurs économiques uniquement. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas considérer l’éducation comme une part de marché fluctuante sur un commerce mondial plus instable que jamais. Il ne s’agit pas ici de diriger une banque, mais de s’assurer de la formation de nos générations futures. Comment inciter des lycéens et des collégiens à aller à l’université alors qu’ils voient des étudiants sortir de longues années d’études munis d’un diplôme mais sans perspective de travail ? La mauvaise image renvoyée par les universités françaises à ses élèves du secondaire est due à ce manque patent de moyens et de considération qui leur est accordé. Pourtant, ces dernières sont fondatrices de penseurs, de citoyens éclairés, des Français de demain depuis des siècles. La France ne s’est-elle pas historiquement affirmée comme une combattante de l’obscurantisme ?
Quelle réponse le gouvernement apporte-t-il à cette question ? “Islamo-gauchiste”!!! voilà comment le gouvernement aime appeler l’ouverture d’esprit et la liberté de recherche, d’expressions, de pensées. Eux-mêmes qui préfèrent condamner les “rayons communautaires” décriées par le ministre de l’intérieur plutôt que de s’ouvrir un minimum au monde qui nous entoure. Le ministre de l’éducation, monsieur Blanquer utilise, rappelons-le, une expression qui ne possède nul fondement scientifique ou historique, et qui ne prouve qu’une, chose : l’islamophobie patente qui règne chez un certain nombre de nos représentants. Loin de dénoncer ceux qu’elle est censée accuser, cette expression ne fait que prouver le sectarisme et la fermeture d’esprit de ceux qui l’utilise. C’est une honte d’entendre de telles expressions et accusation sortir de la bouche d’un ministre ! L’Université est le centre de l’ouverture d’esprit, de la modélisation d’une pensée tournée vers la recherche critique, et son prochain, porteuse de valeurs et d’humanisme. Si aujourd’hui être “islamo-gauchiste” c’est défendre ces valeurs et systèmes, alors il s’agit d’un beau compliment.
Un coup a encore été porté à l’Université dans la nuit du 28 au 29 Octobre 2020. Le Sénat a déclaré dans un amendement que la recherche Universitaire devra désormais “s’exprimer dans le cadre des valeurs de la république”. Une formulation bien ambigüe à craindre, au vu des dernières déclarations de monsieur Blanquer sur les “tenues républicaines” à porter au lycée ou encore sur “l’islamo-gauchisme” présent dans les universités. Rappelons un instant au cas où certains l’auraient oublié : les valeurs de la République Française sont “liberté, egalité, fraternité” sans compter la liberté d’expression et de penser qui sont incluses dans notre bloc de constitutionnalité. Au travers les mots du Sénat nous espérons bien retrouver ces valeurs, et non pas l’hypocrisie d’Hommes politiques blancs visant à rendre la recherche universitaire Française portant uniquement sur des sujets Français et catholique. C’est pourtant bien malheureusement ce qui semble se dessiner au vu du climat politique actuel.
Si aujourd’hui par de telles déclarations et amendements, nos représentants viennent mettre à bas le bastion universitaire de la recherche et de la liberté d’expression dans l'Université, quel sera le dernier rempart face à l’obscurantisme et à la censure ? Aujourd’hui les universités françaises sont seules, dans un monde en crise. Elles doivent avancer les yeux bandés et être prêtes à improviser en deux jours une réorganisation complète de leurs systèmes proche de la réinvention. Ce, parce qu’un ministère absent l’exige sans préavis. Un ministère fantôme qui manque totalement à son devoir de guider, d’aider et d’orienter les universités. C’est un cri d’alarme que pousse aujourd’hui le milieu de l’enseignement supérieur français et ses étudiants. Entendez-le ! Nous réclamons donc : - Une augmentation des moyens alloués aux Universités - L’annulation de la loi LPPR dans son état actuelle - La mise en place d’un plan d’organisation clair pour les Universités - Une reconsidération de la place de nos Universités au sein de la république Française
Allez soutenir ici: http://chng.it/yBZ8NPC494
Signataires initiaux: Instant Philéas, Union des Doubles Diplomes de Sorbonne Université
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